Autrice en (grosse) maison d'édition VS autrice indépendante

  • Le 01/12/2025
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D'autrice en publiée en grosse maison d'édition à autrice publiée dans ma propre structure, ou le choix de l'indépendance. Retour d'expériences.

Il y a 10 ans à l'heure où j'écris cet article, en 2015, paraissait aux Editions Milady le 1er volet d'une duologie de romances historiques sous le label Milady Romance.

Duologie coeur de lucyUne fantastique expérience pour une autrice débutante et pour une première publication, d'autant plus que les éditions Milady sont une grosse structure et que, malgré la parution au format poche, j'ai bénéficié d'une période promotionnelle que j'ai vécue comme un rêve.

Ce que j'ai adoré, évidemment, ce sont les salons. Un salon lorsqu'on est invité sur le stand de la maison d'édition surtout avec une belle aura comme le groupe Bragelonne, c'est juste du kiff ! Aucune logistique à gérer, le logement fourni et des invitations aux soirées VIP qui suivent, je crois que je ne me rendais pas compte à l'époque de la chance que j'avais.

Le salon du livre de Genève a ouvert le bal, avec ses moments de dédicaces aux côtés de grand.e.s auteurices tels qu'Olivier Gay ou Manon Fargetton, sur de vastes et magnifiques stands débordant de livres en tout genre, et avec une équipe aux petits soins offrant cafés et mots d'encouragement autant que nécessaire. Que dire de la soirée des auteurs à la villa Sarasin, une magnifique demeure du 18e siècle dans le parc attenant au centre des expositions et congrès de Genève.

Villa sarasin

J'y ai côtoyé des membres de l'Académie française, bu du champagne fin et dansé sur les parquets du galetas transformé en club de nuit jusqu'aux petites heures du matin avant de m'en retourner à mon hôtel 5 étoiles réservé par l'équipe d'organisation.

J'ai ainsi été également à Bordeaux (Festival lire en poche), où j'ai dédicacé non loin de Marc Lévy, avant de passer la soirée de gala dans un château d'un domaine du bordelais en sa présence ainsi que celle de trois cents autres auteurices. J'ai notamment pu échanger avec Brigitte Giraud qui était intervenue dans mon lycée dans mes années adolescentes pour évoquer l'activité d'écrivaine, et là je lui parlais comme autrice publiée moi aussi, dingue ! Et j'ai aussi causé un peu dans la navette qui emmenait les invités en ville de Bordeaux - s'il souhaitaient la visiter - avec Véronique Ovaldé dont j'avais adoré les romans.

Il y a eu aussi Paris, les splendides quais de Morges au bord du lac, et de nouveau Genève pour la parution du tome 2 de la série. J'ai alors été l'invitée de la table ronde de Nine Gorman redifusée en direct sur ses réseaux à des centaines d'abonnée.e.s, sans savoir qui elle était alors (la honte !)

Bref, beaucoup de rencontres marquantes et de moments hors du temps au contact d'un lectorat que je commençais à rencontrer et appréhender, tout en découvrant le job d'autrice publiée, job dans lequel j'étais totalement novice. Je n'étais pas à l'aise en dédicaces, je ne savais pas quoi offrir comme petit mot chaleureux ni sur la page de titre de mes livres ni en personne. Je ne savais pas pitcher mes romans ni les vendre et il m'est même arrivé de déclarer avec toute la candeur anti-commerciale du monde : "je ne pense pas que mes romans soient pour vous !"

Grosse introvertie (certains diront que ça ne se voit pas, mais introvertie ce n'est pas être timide), toute cette sociabilité et ces apprentissages me demandaient beaucoup d'énergie, mais le souvenir qu'il m'en reste c'est que c'était juste extraordinaire.

Marilyn dedicaces 3

Il n'y a cependant pas eu que la phase commerciale qui m'a laissé des souvenirs impérissables. Je me souviendrai toujours de l'ouverture de ce mail de la part du directeur éditorial alors que je lui soumettais le deuxième roman que j'avais écrit : "mature, profond, des personnages complexes, waouh ! Laisse-moi le soumettre à ma collaboratrice éditrice de romance,  si elle valide, on te propose un contrat d'édition" ; et le mail suivant : "ma collaboratrice a adoré (même s'il y a beaucoup de travail), et elle te propose même un dyptique". Papillons dans le ventre... Être choisie par des professionnels aguerris quand on a 27 ans (il s'est écoulé 2 ans entre le "oui" et la parution en elle-même, mais j'en reparlerai), ça a le goût délicieux d'une vraie consécration. Un adoubement dans le monde fermé et secret des écrivains, même.

S'ensuivirent la signature des contrats au salon de Genève mais en off, où je fus invitée au restaurant et pour un dernier verre en compagnie de l'équipe et quelques auteurices ; les très nombreux allers et retours lors de la phase de corrections éditoriales, et mes premières avances (conséquentes !) sur les droits d'auteur ! Mais attention, en version poche c'était un peu moins de 7% du prix public hors taxes. La distribution étendue en librairies et donc les ventes honorables (plusieurs milliers sur les premiers mois) ont compensé, mais  j'ai dû soigneusement peser le pour et le contre avant de signer.


Mais ce qu'il est important de soulever dans cette phase, en tout cas telle fut mon expérience, c'est que travailler avec une maison d'édition m'a demandé beaucoup, beaucoup de compromis.


J'ai embarqué dans cette aventure en en connaissant le prix. Par exemple, le premier roman de la duologie s'intitulait d'abord : "La Glace de l'hiver". Il était sombre, très sombre même, façon "Madame Bovary" de Flaubert, avec ce que j'imaginais être son lot de critique sociale et parfum de scandale. Il était sensuel mais pas romantique, et il finissait mal.

Mais l'offre de l'équipe éditoriale était la suivante : on va en faire une romance, on doit le classer quelque part et c'est de cette catégorie qu'il se rapproche le plus. J'ai trouvé le compromis qui m'a permis de ne pas me trahir tout en réécrivant une fin heureuse (sine qua non à la romance), lissé le scandale (mais sans doute pas assez pour les codes de la romance, puisque les critiques des lectrices ont parfois été sévères), et aussi, un peu, mes figures de style alambiquées.

J'ai validé des couvertures que j'aimais bien mais n'adorais pas, pour lesquelles j'avais donné les idées de départ mais sans mon mot à dire dans l'exécution graphique ; validé aussi des titres que je n'aimais pas vraiment mais qui étaient les propositions qui me convenaient le mieux.

Et surtout, j'ai écrit une suite... ! Elle n'était pas prévue au départ mais faisait partie des demandes de l'éditrice, parmi celles qui m'ont le plus emballée. J'avais environ un an pour écrire ce deuxième tome après la signature des contrats, et j'ai adoré l'exercie du dytpique, ce deuxième volet en miroir, qui ne devait rien perdre de sa substance et révéler les failles de la protagoniste exposée lors de la première partie. On y retrouve le scandale mais abordé avec, de la part de Lucy, une maturité acquise durant les aventures précédentes.

Et puis ensuite ? L'édition indépendante ?

Deux années se sont écoulées, les ventes après le boom de la parution ont fortement ralenti, il était temps de penser à la suite et je venais de terminer la rédaction d'une romance contemporaine (cette fois prévue pour être une romance dès le départ). Gros revers toutefois : la collection Milady Romance s'apprêtait à fermer, et même si j'ai discuté avec un autre éditeur, les portes semblaient rester closes.

J'aurais pu continuer de prospecter, mais une amie indépendante m'a alors vanté les mérites d'une forme d'édition émergente, encore un peu à la marge à l'époque (dingue comme le monde du livre a changé en une décennie !) : l'auto-édition. Bien sûr, je connaissais le principe, mais je n'osais pas me lancer. Il faut dire qu'alors subsistait encore largement le préjugé selon lequel s'auto-éditer c'était pour les auteurs pas assez bons pour signer en maison d'édition, sans imaginer qu'il puisse s'agir d'un premier choix et non d'un choix par défaut.

Mais bon, j'étais peut-être plus équipée que nombreu.x.ses consoeurs et confrères : j'étais formée au métier d'éditrice, appris non pas en formation officielle (il n'en existait pas, alors), mais au fil de mes expériences comme lectrice de comités de lecture (dont Bragelonne pour des potentielles traductions depuis l'anglais), correctrice ortho-typographique, et ensuite assistante éditoriale au sein d'une petite structure veveysanne lors de mon installation en Suisse (les Editions de l'Aire). J'avais du bagou, j'ai décidé de l'utiliser et donc de me faire confiance. Parce que s'auto-éditer, c'est forcément posséder ou acquérir les compétences d'un deuxième métier, celui d'éditeurice !

Et tout comme on ne devient pas maçon.ne du jour au lendemain, on ne devient pas éditeurice du jour au lendemain. Il faut vraiment en avoir conscience avant de faire ce choix. Exigences de mises en page, de caractéristiques techniques des fichiers de couverture, les ISBN, la diffusion / distribution, la collaboration avec les imprimeurs, la création des ebooks... Il y a des centaines de choses à comprendre et maîtriser.

Top 3 amazon

Mais c'est l'indépendance que j'ai choisie. Le résultat ?

Publications coup sur coup de "Talons Aiguilles & Ballon Rond" (à l'époque tome unique), et de "L'Immortelle T.1 : La Clef de cuivre" : deux top 100 Amazon, et même un podium fantasy (à la 3e place) pour "L'Immortelle" ; plus d'1/2 million de pages lues de chaque titre dans l'abonnement Kindle, et l'expérience de mes premiers milliers d'euros de redevances, aussi ! Tout ça avec des couvertures, des titres, une ligne éditoriale 100% choisies par moi.

Bref, une totale liberté créative qui comble encore ma vision d'artiste et mes besoins d'expression élargie.

Cependant, l'indépendance, c'est aussi la solitude. On ne sait jamais vraiment quand on se plante et si c'est le cas, on ne peut s'en prendre qu'à soi-même. Ma trilogie de novellas qui a suivi s'est beaucoup moins bien vendue, l'occasion de confronter les fameux premiers "bas".

L'indépendance, c'est aussi d'importants risques financiers, car chaque titre demande des investissements, énormément de temps et d'espoirs investis, des salons où tout à coup on doit tout organiser, monter, transporter soi-même, prendre les risques financiers sur les stocks, payer sa communication, etc. Et puis bon, on n'est plus invité.e aux soirée de gala, hein, en tant que petit exposant ^^ mais les soirées improvisées entre potes auteurices et éditeurices prennent le relais, et c'est tout aussi génial !

Conclusion... ♡

Il n'y a pas de situation meilleure que l'autre, en tout cas à mes yeux. J'ai aimé les deux expériences, il y a du positif et du négatif dans chaque cas. Pour le moment j'opte pour la liberté créative de l'indépendance, et peut-être à l'avenir et si l'opportunité se représente, je signerai à nouveau un contrat d'édition.

En attendant, je ressors ma duologie au début 2026, avec de nouvelles couvertures, un texte remanié, de nouveaux résumés, titres, etc., et je goûte au bonheur d'avoir fait mes propres choix !

Duologie la guerisseuse

PS : pour la compréhension, j'ai commencé à publier avec le nom de plume "Marilyn Stellini", et suite à des changements de vie, j'ai opté ensuite pour le nom de plume "Marie Lyonnet" (j'en expliquerai plus précisément les raisons au cours d'un prochain article).

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Commentaires

  • GeorgeJag
    • 1. GeorgeJag Le 13/12/2025
    Здравейте, исках да знам цената ви.

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